Affronter ses peurs

Des fois, je pouvais voir des choses vraiment affreuses à propos du futur, la plupart du temps, cela se réalisait quelques minutes ou heures après. Selon la gravité du sujet, j'avais le droit d'intervenir ou non, pour ce qui était seulement minimal, je pouvais tout simplement réagir en fonction de si je n'avais rien d'autre à faire à ce moment. Mais comme dans l'un et dans l'autre, je devais faire croire que je m'étais trouvé "par hasard" par ici et ne rien révéler sur ce qui aurait dû se passer. Certaines personnes n'avaient pas besoin de connaitre des détails sur un sujet en particulier, même si cela les concernaient. La caste du temps et leurs grandes règles ! Qui sont pour ainsi dire utiles et juste.

Bref, je m'étais donc mis à rejoindre le bord de la forêt, d'un pas non presser. J'étais habillé de façon excentrique, comme d'habitude, ne quittant pratiquement jamais l'allure classe que j'aime tant porter.

Arrivé à ma destination première, un coup d’œil furtif plus tard, j'avais repéré le petit garçon de ma vision qui comptait d'ailleurs rentré seul dans la forêt. Un frisson m'avait parcouru l'échine en sachant ce qu'il risquait de se passer, si... Non, je ne devais pas ressasser ce que j'avais vu puisque cela ne s'était pas passé, puis en venant, je change du tout au tout de l'autre réalité.

D'un pas décontracté ainsi que précis, je m'étais approché de l'enfant, posant doucement ma main droite sur l'épaule gauche de ce dernier. Ne voulant pas lui faire peur, je m'étais vite mis dans son champ de vision. Un sourire gentil avait élu domicile sur mes lèvres.

<<- Salut toi ! Tu comptes rentrer dans la forêt tout seul ? Si tu veux, je peux t'accompagner.>>

Ma vision changée, l'avenir peut être improbable, je le savais très bien.

J'avais fait un second pas dans la forêt. Puis soudain le vent agita les feuilles et je me figeais. Ce n'était que le vent... je me repêtais en boucle cette phrase dans ma tête.

Il fallait que je demande à un professeur de la caste de la terre si les arbres pouvaient être vivants. Il allait me prendre pour un gamin stupide mais il fallait que j'en ai le coeur net. Je me forçais à respirer calmement lorsque je sentis quelque chose sur mon épaule. J'écarquillais les yeux de terreur, je n'osais plus faire un seul mouvement.

Un élève vint se placer devant moi. Et bah, pour quelqu'un à l'affut du moindre bruit de la foret je ne l'avais pas vu venir.

Je me forçais à respirer à nouveau et à lui sourire. Si je disais non, il pourrait soit penser que je prépare un mauvais coup, soit penser que j'ai peur. Mais je disais oui, il faudrait que je lui explique la raison de ma vie et saurait que j'ai peur... C'est compliqué.

- Et bien je... C'est gentil... mais je cherchais juste un peu d'ombre.

Je levais les yeux vers le ciel, le soleil de septembre n'avait rien de brûlant. Piètre excuse. Changeons de sujet.

- Tu es déjà allé dans la foret ?

Je n'avais pas quitté mon sourire face à l'excuse bidon qu'il avait sortit, hochant la tête comme si je marchais dans son mensonge. Après tout, je ne pouvais rien lui dire, il fallait que cela soit lui qui m'en parle et non le contraire. Je m'étais adossé contre un arbre en réfléchissant à sa question.

<<- Oui, j'y suis déjà allé. C'est un bel endroit pour réfléchir à tout et à rien. La nature est très relaxante, si on ne bouge plus, on peut apercevoir la vie en son centre. Par exemple, les arbres, les fleurs, mais aussi les oiseaux et les insectes. Chaques choses a une vie et une mort. En regardant de tel miracle de mère nature, je me demande pourquoi les gens veulent se faire la guerre au lieu d'admirer ce que l'on possède. >>

Je partais vraiment dans un délire hors normes avec mes discours, bon, c'était un sujet parmi tant d'autre que j'aimais discuter. Mais ce n'était qu'un gamin, il allait finir par me prendre pour un extraterrestre.

<<- Désolé, cela doit te paraître bizarre que je raconte tout cela.>>

Je m'étais ensuite enfoncé un peu plus dans la forêt, m'arrêtant quelques mètres plus loin pour venir observer un assemblage de fleurs. Je gardais tout de même discrètement un oeil sur le petit garçon.

Les mots qu'il prononçaient me pétrifiait. J'étais proche de me sentir mal. Je m'adossais contre un arbre. Il faisait chaud soudainement non ? Il fallait que je pense à ma respiration. Oubliez mes peurs ! Rha c'était des idioties, comment pouvais-je oublier qu'il venait de dire que la nature était vivante ? Et j'étais dans les bois. Tu es un idiot Oliver.

Nince, je n'avais pas écouter la fin de la conversation. Je pris un moment pour remettre les mots dans le bon ordre.

- Euh non. C'est sympa de partager tes expériences.

Mais où il allait ? Et s'il se perdait ? Se faisait attaquer ? C'était le devoir de notre caste d'être des protecteurs. Oui mais dans l'absolu j'étais celui qui avait peur et il était bien plus âgé que moi. Bon de toute façon je ne voulais pas rester seul, je lui emboitais le pas.

- Tu vas où ?

Je m'étais empêché de sourire en voyant le petit garçon me rejoindre. Je m'étais mis à froncer mes sourcils en voyant dans l'état qu'il était. J'espérais qu'il n'allait pas faire crise d'angoisse impossible à gérer. Bon en tout cas, cela finirait beaucoup mieux que ma vision. Je m'étais approché de l'enfant, me mettant à sa hauteur, mes yeux dans les siens.

<<- Dis-moi, de quoi a tu peur ?>>

Je lui avais fait un sourire gentil et encourageant.

<<- Il n'y a aucune honte d'avoir peur à quelque chose, c'est humain.>>

Je regardais les yeux de l'adolescent. Il me donnait presque confiance. Je commençais à bredouiller.

- Je ... les arbres... vont me manger... Enfin pas avec leur bouches... ils en ont pas... je...

J'allais me mettre à pleurer d'un instant à l'autre. Non, non, pas devant un grand ! Je repris encore une fois ma respiration, puis parlais à une vitesse folle :

- Les arbres sont maléfiques. Ils vont tout engloutir.

J'avais doucement hoché la tête, ne quittant jamais mon sourire. Cela se voyait qu'il risquait de pleurer à tout moment. Je n'avais pas envie de le voir pleurer, étant une personne de nature emphatique, je comprenais facilement ses sentiments.

<<- C'est quoi dans les arbres qui te font peur ?>>

Il fallait commencer en douceur d'étape en étape pour faire un progrès, un pas vers la guérison d'une angoisse. Je lui avais pris sa main droite dans la mienne, un petit geste de réconfort, montrant que je l'écouterais, qu'aucune moquerie ne filtrerais mes lèvres.

<<- Pourquoi as-tu peur des arbres ?>>

- Tout. C'est sombre. Ca bouge toujours. Ca cache des animaux. On a l'impression de se retrouver enfermé dedans. On peut se perdre.

Je frissonnais. Pourquoi la directrice avait fait son école si proche de la forêt ? N'y avait-il jamais eu de soucis ? J'hésitais toujours à me confier à l'adolescent. Mais bon puisque j'avais commencé à parlé... autant tout lui dire.

- Je me suis perdu une fois. C'était horrible. Je suis resté plusieurs heures tout seul.

Maintenant, je me sentais vulnérable. Et s'il répétait à tout le monde mon secret ? Je passerai pour un petit garçon idiot. Les autres enfants se moqueraient de moi jusqu'à la fin de mes études j'en étais certain.

Je ne savais pas vraiment comment faire comprendre à l'enfant qu'il ne fallait pas avoir peur de ce genre de choses. Surtout que la nature pouvait nous montrer tout un tas d'endroit magnifique, nous cacher du vent ou nous stimuler l'imagination.

J'avais hocher légèrement la tête, ayant un peu plus de compréhension face à son problème.

<<- Je comprends mieux. Ne t'inquiète pas, je garderais ton secret jusqu'à la fin des temps !>>

J'avais ensuite pointé du doigt un arbre quelconque.

<<- Les arbres sont vivants, dans un sens : Ils naissent, grandissent, certains produisent des fruits, d'autres des fleurs, puis à la fin, ils meurent. Ce n'est pas un animal, jamais tu en verras vraiment bouger, c'est juste le vent qui vient secouer les feuilles. Les oiseaux construisent leur nids sur les branches, les hiboux préfèrent se cacher dans des "trous" que les arbres possèdent. Sans les arbres, les animaux ne trouveront plus de refuge. Les arbres se nourrissent de nutriment trouvé dans la terre, du genre de l'eau de pluie. Ils nous produisent de l'oxygène, sans eux, on aurait beaucoup de mal à respirer.>>

J'avais pris sa main, pour le conduire au pied d'un arbre de petite taille, je l'avais lâché et j'avais apposé ma main droite sur le tronc.

<<- Regarde, il ne me fait pas de mal.>>

Je lui avais lancé un regard remplis de défi.

<<- Si tu apposes ta main -même quelques secondes-, tu peux me poser n'importe quelle question qui te passe par la tête à mon sujet. Promis, je te répondrais sans mentir.>>

- Merci, c'est très gentil.

Je rougis, il avait compris que j'avais un peu honte de moi. Je savais que ce n'était pas une peur rationnelle. Mais même si je le savais je ne la contrôlais pas.
Je regardais l'arbre qu'il me désignais. Il était immense. Il ne m'inspirait pas du tout confiance.

- Tu ne peux quand même être certains qu'ils ne vivent pas. Quelque chose qui grandit, qui peut mourir. Ca doit forcément avoir une certaine forme de conscience. Je peux concevoir que certains soient gentils. Mais dans toutes communauté il y a des méchants.

Je m'exprimais comme un tout petit enfant. Je ramenais ma main à moi en vitesse lorsqu'il la lâcha. Je ne voulais pas fâcher "monsieur l'arbre".
Je n'avais pas spécialement de question à lui poser. Non pas que cela ne m'interessait pas, mais plutôt que ma peur occupait toutes mes pensées.

Je m'étais mis à me mordiller la lèvre inférieure face à la complication que cela importait de faire en sorte que le petit garçon n'avait plus peur des arbres. J'avais beau lui expliquer le pourquoi du comment il ne risquait rien en étant au contact avec la nature. Je ne savais pas vraiment si j'arriverais à faire quoi que ce soit de concluant avec lui, mais autant essayer, je n'y perdais rien.

<<- Disons qu'ils ont une demi-conscience, un truc comme ça. Il pense à vivre comme tout être vivant, mais ne savent pas être méchant ou gentil. Je ne sais pas vraiment comment t'expliquer, car je ne suis pas un expert en la nature.>>

Je m'étais assis à terre, m'appuyant contre le tronc d'arbre. J'avais regardé un peu par tout pour m'assurer qu'aucune petite bête ne risquait pas de débarquer. Je n'avais pas peur de ce genre de choses, puisque j'avais pour habitude de ne pas saccager leur territoire et si je voyais animal faire une promenade, je m'écartais du chemin dans le but de le laisser passer sans le toucher.

<<- Je pense que les arbres on mieux à faire que de s'occuper des êtres humains, donc aucune raison qu'ils nous embêtent.>>